
Santiano : simple adaptation ou véritable plagiat d’un chant traditionnel ?
Quand Hugues Aufray entonne « Santiano » en 1961, la chanson fait aussitôt vibrer les cœurs et les voiles. Avec ses accents marins et son rythme entraînant, elle devient rapidement un hymne populaire. Mais derrière cette mélodie familière se cache une histoire bien plus ancienne, qui remonte aux ports brumeux du XIXe siècle. Alors, adaptation légitime ou emprunt trop appuyé ? La frontière entre hommage et reprise floue mérite qu’on y jette l’ancre.

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Chants Traditionnels Bretons

Le refrain de Santiano n’est pas né sur les quais de Saint-Malo, mais sur ceux de la Nouvelle-Angleterre. Il s’inspire d’un chant de marin anglo-saxon intitulé Santianna, qui évoque le général mexicain Antonio López de Santa Anna. Ce chant, repris par les marins du monde entier, a connu de nombreuses versions avant d’atteindre les oreilles francophones. Hugues Aufray, en collaboration avec des auteurs français, a réécrit les paroles pour leur donner une couleur bretonne et un message d’espoir tourné vers la Californie. Une transformation poétique qui a tout d’une adaptation… mais jusqu’à quel point ?
Pour mieux comprendre les différences entre l’original et la version française, voici un tableau comparatif :
Élément | Santianna (version traditionnelle) | Santiano (version Hugues Aufray) |
---|---|---|
Origine géographique | États-Unis / Royaume-Uni | France |
Langue | Anglais | Français |
Thème principal | Conflit militaire et navigation | Espoir, aventure vers la Californie |
Structure mélodique | Chant de travail rythmique | Chanson populaire arrangée |
Objectif | Synchroniser les efforts des marins | Divertir et inspirer le public |
Ce tableau met en lumière les écarts entre les deux œuvres. Si la mélodie de base et le nom évoquent clairement une filiation, le contenu a été largement réécrit. On est loin d’un simple copier-coller. Il s’agit plutôt d’un travail d’adaptation, dans la tradition des musiques populaires qui voyagent, se transforment et s’enrichissent au fil des cultures.
Voici quelques éléments qui appuient cette idée :
- La mélodie a été arrangée pour s’adapter aux goûts du public francophone
- Les paroles ont été entièrement réécrites, sans lien direct avec le texte original
- Le message de la chanson a été modifié pour évoquer l’aventure et l’espoir
- Le rythme a été adapté pour une interprétation plus musicale que fonctionnelle
Le monde de la musique regorge de ces passerelles entre les cultures. Santiano n’est pas une copie servile, mais une nouvelle escale dans le voyage d’un air ancien. Plutôt que de parler de plagiat, on pourrait évoquer une transmission vivante du patrimoine maritime, revisitée à la lumière d’un regard français. Un clin d’œil aux traditions d’hier, remis au goût du jour avec justesse et inspiration.
Une chanson populaire ancrée dans la tradition orale
Depuis sa sortie en 1961, « Santiano » résonne comme un hymne populaire français, entonné à pleins poumons lors de veillées, de fêtes ou de balades en bord de mer. Portée par la voix chaleureuse de Hugues Aufray, cette chanson évoque l’aventure, le large et les rêves d’ailleurs. Mais derrière ses airs de folklore marin, une question persiste : cette mélodie est-elle née d’un souffle créatif original ou s’est-elle simplement glissée dans les voiles d’un chant traditionnel anglo-saxon ?
Pour comprendre les origines de « Santiano », il faut embarquer pour un petit voyage dans le temps et traverser l’Atlantique. Le morceau puise ses racines dans une chanson intitulée « Santianna » (ou « Santy Anna »), un sea shanty — ces chants de marins utilisés pour rythmer les manœuvres à bord des voiliers du XIXe siècle. À l’origine, « Santianna » évoquait la guerre américano-mexicaine et le général mexicain Antonio López de Santa Anna. Le texte, très différent de celui que l’on connaît en français, variait énormément selon les versions et les ports où il était chanté.
Le lien entre « Santianna » et « Santiano » est donc évident, mais faut-il pour autant parler de plagiat ? Pas si vite. Dans le monde de la musique folk et traditionnelle, la réappropriation et l’adaptation sont des pratiques courantes, presque inhérentes au genre. Voici quelques éléments qui permettent de mieux situer « Santiano » dans cette dynamique :
- La mélodie de base est effectivement inspirée d’un chant traditionnel, mais elle a été retravaillée pour coller à une rythmique plus accessible au grand public.
- Les paroles françaises sont entièrement réécrites, avec une thématique tournée vers l’espoir et la réussite en Amérique, loin du contexte militaire de l’original.
- La structure musicale a été adaptée pour convenir à une interprétation solo, loin des chœurs de marins.
- Le style d’interprétation d’Hugues Aufray, entre chanson populaire et ballade folk, donne une identité propre au morceau.
- La tradition orale des chants marins autorise une certaine liberté dans la transmission et la transformation des œuvres.
Pour y voir plus clair, voici un tableau comparatif entre « Santianna » et « Santiano » :
Élément | « Santianna » (chant traditionnel) | « Santiano » (version Hugues Aufray) |
---|---|---|
Origine | Chant de marins anglo-américain | Adaptation française des années 60 |
Thème | Conflit militaire et navigation | Voyage vers un avenir meilleur |
Langue | Anglais (avec variantes) | Français |
Structure musicale | Chant collectif rythmique | Chanson populaire structurée |
Interprétation | Chœur de marins | Chanteur solo avec accompagnement |
La question du plagiat se heurte ici à une réalité plus nuancée. Dans le monde des musiques traditionnelles, l’adaptation fait partie intégrante de la transmission. Hugues Aufray n’a pas copié un chant marin, il l’a réinventé à sa manière, en respectant l’esprit du voyage et du rêve, tout en l’ancrant dans une époque et une culture bien différentes. Une démarche qui, loin d’effacer les origines, les fait vivre sous une nouvelle forme.
Entre tradition et réinvention poetique
Qui n’a jamais entonné ce refrain entraînant, porté par la voix grave et chaleureuse de Hugues Aufray ? « C’est un fameux trois-mâts, fin comme un oiseau… » : Santiano résonne dans les mémoires comme un hymne marin français. Mais derrière cette chanson populaire se cache une histoire bien plus ancienne, et surtout, bien plus internationale qu’on ne le pense.
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À première écoute, Santiano semble puiser dans l’imaginaire collectif des chants de marins, ces mélodies robustes nées sur les flots et transmises de port en port. Pourtant, cette chanson française ne sort pas de nulle part. Elle serait en réalité l’adaptation d’un air traditionnel anglo-saxon intitulé Santianna (ou Santy Anna), un chant de travail chanté par les marins américains et britanniques au XIXe siècle. Ce chant évoquait non pas les côtes de Saint-Malo, mais la guerre américano-mexicaine et le général mexicain Antonio López de Santa Anna.
Alors, simple clin d’œil à la tradition ou appropriation masquée ? Pour y voir plus clair, il faut plonger dans les racines de la chanson originale et comparer les deux versions.
Élément | Version originale (Santianna) | Version française (Santiano) |
---|---|---|
Origine | Chant de marins anglo-américain du XIXe siècle | Adaptation française sortie en 1961 |
Thématique | Conflit militaire et navigation | Voyage vers San Francisco et vie de marin |
Langue | Anglais | Français |
Structure musicale | Rythmique binaire, chant de travail | Orchestration plus pop-folk, harmonies enrichies |
Refrain | « Oh Santianna, gained the day » | « C’est un fameux trois-mâts, fin comme un oiseau » |
À la lumière de cette comparaison, il devient évident que Hugues Aufray n’a pas copié à la lettre. Il s’est inspiré d’un air ancien pour en faire une œuvre nouvelle, avec des paroles entièrement réécrites et une atmosphère transformée. On est donc plus proche de l’adaptation créative que de la reproduction pure et simple.
Voici quelques éléments qui renforcent l’idée d’une adaptation respectueuse :
- Les paroles françaises sont originales et ne traduisent pas celles du chant anglais
- La mélodie a été arrangée pour s’adapter à un public francophone
- Le message de la chanson est positif et ancré dans l’imaginaire maritime français
- Le style musical diffère de la version d’origine, avec une touche folk propre à l’artiste
- La tradition orale autorise et encourage ce type de réinterprétation
En fin de compte, Santiano est un bel exemple de transmission culturelle, où un artiste s’approprie une mélodie ancienne pour lui insuffler une nouvelle vie. Ce n’est ni un plagiat ni une copie servile, mais une réinvention à la française d’un air venu d’ailleurs. Une traversée musicale entre les continents, portée par le vent de la créativité.